Une vie bien remplie
Né à Avignon, en France, André Michel fréquente l'École des beaux-arts de sa ville natale (1958-1960) où il y remporte le premier prix de dessin dès la première année. Doté d'une assurance hors du commun, le jeune artiste rédige, en 1964, un manifeste publié dans les journaux français sous le titre de «Positionnisme» dans lequel il présente sa vision de la peinture inspirée du surréalisme. De 1967 à 1969, son goût de l'aventure et de l'exotisme l'amène à voyager à travers l'Europe et l'Afrique et à vivre plus de deux ans à l'Île Maurice et à l'Île de la Réunion.
Invité à exposer à Montréal à l'automne 1970, en pleine Crise d'octobre, André Michel en profite pour visiter le Canada d'un bout à l'autre et plus particulièrement la Côte-Nord du Saint-Laurent. L'artiste y découvre de grands espaces qui l'impressionnent tant qu'il décide d'aller vivre à Sept-Îles pendant quelques mois. Il y résidera pendant 18 ans! C'est lors de ses excursions en forêt, en solitaire, qu'il rencontre les Innus (Montagnais). C'est le début d'une grande histoire d'amitié et de respect entre l'artiste et les premiers peuples qui dure depuis plus de quarante ans. Invité à les accompagner, il les observe, les suit dans leurs expéditions, partage leur nourriture, collectionne les objets dont ils ne se servent plus, tout en peignant des paysages. Grâce à son regard objectif et à la compréhension qu'il a de ce peuple en perte d'identité, les tableaux, dessins et croquis qu'il en fait par la suite sont, au-delà de leur grande qualité artistique, une valeur documentaire inestimable. Ils constituent un témoignage de leur mode de vie à la fin du siècle dernier. Les réalisations d'André Michel à Sept-Îles ne se limitent pas à ses œuvres. Avec les objets innus qu'il a amassés, il fonde, en 1975, le Musée de Sept-Îles dans le Vieux Poste de traite de la Compagnie de la baie d'Hudson. De ce petit musée va naître, dix ans plus tard, le Musée régional de la Côte-Nord aménagé par André Michel dans un tout nouveau bâtiment.
Entre temps, divers événements ont provoqué une importante métamorphose dans sa démarche artistique et sociale. À la suite du décès de Jean-Marie McKenzie, un ami innu qui le considérait comme son fils, il décide, en 1987, d'aller s'établir à Mont-Saint-Hilaire, terre natale et d'accueil d'artiste qu'il admire: Leduc, Borduas et Bonet. Une fois encore, André Michel s'engage à fond dans le développement culturel de son nouveau milieu de vie. En 1991, il fonde le Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire qui sera ouvert officiellement en 1995, année où il met sur pied la Fondation Usket-André-Michel ayant comme objectif d'aider à une meilleure connaissance des Premières Nations. C'est grâce à cette fondation qu'il réalise un autre projet d'envergure, La Maison amérindienne qu'il dirige bénévolement depuis son inauguration en 2000. Ce lieu d'échange, de partage et de rapprochement des peuples est la seule institution multi nations du genre à être située hors réserve au pays. En 1998, il a aussi initié la fondation de la Maison Paul-Émilie Borduas ayant pour but d'acquérir et de mettre en valeur la maison du célèbre artiste hilairemontais. Il récidive en 2006 en encourageant le don des deux maisons d'Ozias Leduc, le sage de Mont-Saint-Hilaire, aux Musée des beaux-arts de la Ville. André Michel n'en a pas pour autant délaissé les Innus de la Côte-Nord pour lesquels, à la demande du conseil de bande, il a été chargé de projet pour l'élaboration du Musée du peuple innu, le Shaputuan, inauguré en 1998.
Parallèlement à son engagement social, le peintre mais aussi sculpteur d'œuvres monumentales, n'a jamais cessé de créer et d'exposer à travers le monde avec succès. En 1995, le Musée de l'homme de Paris, lui consacrait une importante rétrospective de même que le Musée national de culture populaire de Mexico en 1998. Lors du 400ième de la ville de Québec, en 2008, il a présenté l'exposition «J'aurai ta peau» pour rappeler l'importance de la Compagnie de la Baie d'Hudson sur l'histoire du Canada et son influence sur le mode de vie des Premières Nations. Cette exposition de toiles de grands formats présentée durant les Jeux Olympiques de Vancouver de 2010, a fait le tour du pays puis continuer son itinérance à travers le monde. L'impressionnante carrière d'André Michel qui est loin d'être terminée, lui a valu de nombreux prix, médailles et reconnaissances.